Le jour où j'ai compris que j'allais mal...
Le Changement
Le Changement
Définition du Larousse :
è Action,
fait de changer quelque chose, passage d’un état à un autre.
è Fait
d’être modifié, changé ; modification ; transformation
è Modification
profonde, rupture de rythme ; tout ce qui rompt les habitudes, bouleverse
l’ordre établi
è Correspondance
en train, en métro
Ma définition :
è Grand
mot de huit lettres qui annonce deux phases distinctes : l’Avant et l’Après.
Cependant il ignore totalement la phase la plus importante : PENDANT
Pourquoi changer ?
Dans mon cas,
je voulais juste me réveiller et me retrouver. J’avais été à mon tour atteint de ce mal être
profond appelé dépression…
Je n’étais pas
heureuse. La réalité m’avait rattrapé, je ne pouvais plus me cacher derrière des
frénésies d’achat compulsif ou des envies insatiable de nourriture. Le mal
était bien installé et s’était développé doucement à mon insu. Ma vie ne me
plaisait pas et mon travail encore moins. Rien ne trouvait grâce à mes yeux,
tout ce que j’aimais m’ennuyer, me rendait taciturne et renforçai ce sentiment
de lassitude qui me retenait prisonnière et m’engourdissait les sens. Je ne
désirais qu’une chose : m’enfermer dans ma grotte et ruminait sur mes rêves
que j’avais abandonnées par lâcheté, par peur de l’inconnu et par manque de confiance
en moi.
Au bout de quelques
mois mon état s’aggravait. Je passais mon temps à me plaindre, je ne me
supportais plus. Je ne vivais plus, je subissais la vie. J’avais perdu le contrôle
de mon existence au point de ne plus savoir qui j’étais. Je souffrais physiquement,
mentalement et émotionnellement.
Après quelques
semaines, je décidai de consulter un médecin, puis deux pour être certaine du diagnostic.
Il tombe comme un couperet : Dépression. Le bon côté des choses, je
n’avais aucunes envies suicidaires ou idées morbide, du coup je m’en sortais
plutôt bien. Je m’en doutais mais je parvenais quand même à être surprise. La
dépression c’est comme le cancer, cela n’arrive qu’aux autres, aux faibles pas
à moi. Je passe alors par trois étapes. Tout d’abord, mon cerveau se braque et
rejette l’idée, puis vient ensuite le temps de l’acceptation et enfin celui de
l’adaptation. Avec du recul, je me rends compte que l’esprit humain à une
capacité de déni illimité. Pour se préserver il s’entoure dans un cocon de
mensonges et d’illusions sans aucuns scrupules.
Donc voici
venu le temps des médicaments homéopathique et des antis dépresseurs. Après
quelques mois d’utilisation, les symptômes étaient toujours là en pleine essor.
J’étais dans un état d’anxiété perpétuel. Chaque geste du quotidien relevait du
parcours du combattant. Je tombais littéralement et je ne savais pas comment
m’arrêter. Je souffrais intérieurement de ne pas être au top, je me sentais
minable, stupide et surtout j’étais convaincue d’être une mère horrible.
Ma routine
était déjà bien installée :
Je me regarde
dans le miroir sans vraiment me voir, je camoufle mes cernes et plaque un
sourire sur mon visage. Personne ne se doute de ce qui se dissimule sous ce
sourire, et puis ma masse de cheveux bouclées ajoute un bouclier
supplémentaire. Je donne le change. C ’est bien. Je tiens le coup. J’avance dans
une hébétude complète.
Mais au bout d’un certain temps ça ne
fonctionne plus.
Un matin, c’est
le choc ! Je me regarde attentivement dans le miroir. J’y vois un visage
terne, triste et maladif. Je réalise pour la première fois que je ne me
reconnais pas, j’ignore qui est cette personne en face de moi. Je vais mal !
Tout au long
de la journée je ressens une colère qui brûle à l’intérieur de moi. Je veux me voir. Je veux retirer cette masse de cheveux et découvrir qui je
suis. Je fais de mes cheveux l’ennemi public numéro un, la raison de tous mes
maux, le bouc émissaire à abattre sans sommation. Cela fait longtemps que n’avais
pas ressentis une telle énergie, je m’anime enfin. Je retrouve un semblant de
contrôle. Je veux tout couper ! Cette idée me taraude et deviens vite un
besoin compulsif, irrépressible, mon esprit semble avoir trouver la réponse à
son engourdissement. Toute l’après-midi mon cœur balance : Cap ou Pas
Cap ?
A la sortie du
travail, je prends mes jambes à mon cou et me promet que si à la sortie de la
gare le bus n’est pas là, je reprends mes esprits et rentre sagement à la
maison. Au fond de moi, je l’espère. Je suis une lâche, j’hésite, j’ai peur.
Pas de perdre mes cheveux mais du regard des autres, de l’incertitude, de
l’inconnu, ce fameux et si….
Grande
déception, le bus m’attend tranquillement, je monte dedans et espère que le
coiffeur ne pourra pas me recevoir. On est Mardi et je n’ai pas de rendez-vous :
Tout est contre moi. Arrivée au salon, je montre ce que je veux faire. Couper
court à la manière d’Alicia Keys. La
coiffeuse m’indique que se sera très court. J’inspire profondément, je suis
audacieuse.
« Ok c’est ce que je veux,
du court ».
J’ai l’air
assuré mais en fait c’est tout le contraire, je tremble de peur. La coiffeuse
veut me dissuader, de mon côté je n’ai qu’une envie qu’elle se taise pour ne
pas faire vaciller ma résolution. Dans mon cas, il n’y a rien de pire que
l’esprit de contradiction. Je veux lui montrer que j’ai le courage d’aller
jusqu’au bout de ma décision. Avec le recul, je me rends compte que c’était à
moi-même que je voulais prouver quelque chose. Je suis CAP !
La coiffeuse coupe.
Au départ tout va bien, puis les minutes passent et une partie de mes cheveux
disparaissent ainsi que mon sourire. La réalité me frappe de plein fouet. Dans le
miroir, je vois mon frère. Je me rends compte de l’énormité que je viens de
faire. Derrière moi, la coiffeuse à l’air sceptique et doute de son propre
travail. Le début d’une crise de panique pointe le bout de son nez. C’est raté,
entièrement raté ! J’ai fait une énorme erreur. Je veux tout arrêter.
« Stop ! »
Je réfléchis vite, il faut que je pense à un plan B. tout de suite, je propose
un carré asymétrique, j’ai de la marge. Comme si les dégâts allaient
s’arrangeaient d’un coup de ciseau, en vrai, Je colmate juste les brèches.
Le résultat
final est des plus décevants. J’ai un côté du visage couvert d’une masse de
cheveux bouclé tandis que l’autre est complètement mis à nu. La coupe ne
ressemble à rien. J’acheté un rouge à lèvre de couleur rouge espérant ajouter à
l’ensemble une touche de sophistication. Il ne me reste plus qu’à assumer cette nouvelle tête dans laquelle je ne me
reconnais toujours pas. Au moins je vois désormais une partie de mon visage c’est
déjà ça de pris. Je tente de me réconforter, la vérité c’est que j’ai envie de
pleurer. Je me sens tellement seule et honteuse. Aux autres, je qualifie ma
nouvelle coupe d’une expérience artistique en cours de réalisation, car elle s’effectue
en plusieurs étapes. J’essaie même de me convaincre que la coupe me plait. Je me
dis que c’est juste une question d’angle.
Je tiens
jusqu’au Vendredi soir. Aussitôt rentré à la maison, direction internet et les
salons de coiffure. J’en trouve un près de chez moi et le concept Bio me plait.
Je tente ma chance le samedi aux premières heures et obtiens un rendez-vous
entre deux personnes. Je crois que la coiffeuse a eu pitié de moi en entendant ma
voix désespérée.
Je l’avoue,
j’anticipe, j’y vais avec une boule au ventre en me disant que ce ne pourra
jamais être pire. Et là…
C’est juste
magique ! Marie m’écoute. Pour la première fois depuis des mois j’ai
l’impression que quelqu’un d’autre que mon médecin s’intéresse à moi. Face au
le miroir, j’admire les coups de ciseaux rapides et précis dans mes cheveux. Ma
tête se transforme, mon visage s’illumine. Je me m’aperçois enfin. Je sens un
gros poids s’évanouir tout d’un coup. Je ne suffoque plus. Je suis ravie et
bombe le torse. J’expire lentement soulagée. Marie a fait de ma tête un chef d’œuvre.
Le changement
est radical et moi je commence à aller tout de suite mieux, ce n’est pas encore
le top mais on progresse.
Les mois d’après,
je succombe à la tentation du piercing à l’helix, puis au tragus. A chaque fois
il y’a se doute qui jaillit et que je fais taire avec beaucoup de scrupule. Je
sens les regards sur moi. Je ne me cache plus. Avec ma coupe garçonne, je suis
enfin libre d’être qui je veux. Je m’accepte enfin, je reprends confiance en
moi. Je réalise que je m’imposais
moi-même ma propre souffrance. Obnubilé par la notion de sécurité, par la vie
et les besoins quotidien, j’avais oublié le plus important : MOI.
Remonter la
pente est difficile, long et éprouvant. Je tâtonne doucement. J’apprends à
ralentir, faire ce que j’aime et vraiment prendre soin de moi. J’écoute mon
corps et mes désirs. Je veux changer, je veux qu’on me voit vraiment alors j’ose
et je fais fis des hésitations. En moi
il y’a cette petite dose d’excitation, je prends des risques, je transgresse les
limites que je m’étais imposé, j’élargie mes possibilités.
A ce stade, je peux vraiment dire que j’ai
commencé à aller mieux le jour où j’ai compris que j’allais mal.
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